Les banquiers centraux sont des magiciens

Un spectre hante les banquiers centraux qui n’en parlent jamais, celui de la « japonisation » qui pourrait les atteindre ; le risque de tomber à leur tour dans le « piège à liquidité », prédit par Keynes, d’où la Banque du Japon ne parvient toujours pas à sortir en dépit de ses tentatives sans fin et sans résultat de relance de l’inflation.

Ils n’en sont certes pas là, mais un mystère reste inexpliqué : les pressions inflationnistes sont découplées de la relance de l’activité économique. Et Olli Rehn, le gouverneur de la banque de Finlande qui parmi d’autres brigue la succession de Mario Draghi, veut comprendre. Il se fait l’avocat d’un examen exhaustif des principes, hypothèses et outils de la politique monétaire de la BCE, afin de déterminer ce qui ne fonctionne plus.

Un même examen est en cours au sein de la Fed, qui attribue à des attentes d’inflation trop faibles son niveau tout autant insatisfaisant. Il en ressortirait que les banques centrales auraient perdu la confiance mise en elles en ne parvenant pas à atteindre leurs cibles d’inflation, rien de moins !

Afin de déterminer leur politique, les banquiers centraux s’appuient sur les anticipations d’inflation qu’ils discernent en effectuant des sondages auprès des économistes et des analystes, ainsi qu’en observant les taux appliqués à certains instruments financiers à terme. Une interrogation en découle naturellement : comment les accroitre, afin que le tour soit joué ? Que les attentes s’accroissent et entraînent par magie la hausse de l’inflation ?

Elle n’est pas encore explicitement formulée, mais la réponse est toute trouvée, la cible d’inflation pourrait être augmentée, autorisant la relance et non pas la réduction des programmes de mesures non conventionnelles. Justifiée jusqu’à présent par la crainte de déclencher une inflation incontrôlée, la retenue des banques centrales pourrait être abandonnée.

Engoncés dans leur cadre de pensée, les banquiers centraux cherchent une issue. Aux États-Unis, la Théorie monétaire moderne (MMT) connait un grand regain d’intérêt au sein de la gauche démocrate qu’ils ne peuvent ignorer. La MMT repose sur l’idée qu’un pays disposant de la souveraineté monétaire peut émettre autant de monnaie qu’il veut, tant que l’inflation reste maitrisée. D’où la possibilité d’une hausse de la dépense publique, et du remboursement de sa dette, grâce à la monétisation des déficits publics. Les partisans de la MMT reprochent par contre à l’assouplissement quantitatif des banques centrales de gonfler des bulles financières sans effet sur l’économie réelle.

Plus le temps passe, plus la croissance faiblit, plus la dette devient insoutenable. S’il est refusé de la restructurer, il ne restera plus qu’à la monétiser…

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